Créer son activité agricole en fonction des besoins locaux
Boris s'est installé sans aides à l'installation. Il a choisi d'adapter sa production aux besoins locaux. Pour vendre ses oeufs, il fonctionne par livraison et dépôt-vente.
S’assurer de la rentabilité de l’exploitation et ne pas vouloir tout faire
Boris s’est installé en 2011 en poules pondeuses, en agriculture biologique, dans un petit hameau du Jura. Sans aides à l’installation et à la production, cherchant une activité agricole pour continuer à vivre dans le secteur, Boris est allé visiter plusieurs fermes en France qui faisaient de la production d’œufs. « Chez certains maraîchers, ce qui m’a frappé, c’est l’atelier œufs qui rapportait le plus. Et en regardant localement, il n’y a pas de production de ce type, j’ai saisi ma chance et je me suis lancé. » D’abord dans l’auto-construction du bâtiment, grâce à ses expériences professionnelles en bergerie et en maçonnerie. « Clairement, avec 50000 €, j’ai pu monter une exploitation rentable et où le travail est suffisamment simplifié pour être délégué à quelqu’un si besoin. Sur un an, j’accueille 700 pondeuses, bientôt 850, tout en un seul lot. J’ai pris le temps de calculer mon prix de revient, pour pouvoir réinvestir et vivre de mon travail. C’est important car beaucoup de petits producteurs d’œufs vendent à perte en fait, avec le temps qu’on y passe, surtout quand c’est une production annexe. Pour ma part, j’atteins le taux de 90% de ponte avec une farine achetée en moulin. Si j’avais choisi une farine fermière, cela n’aurait pas été rentable, je n’aurais pas atteint les 80% de ponte, donc je perdrais de l’argent sur des poules. Je crois que des fois, il ne faut pas vouloir tout faire. »
« Elever des poules pondeuses, c’est pas si simple »
L’élevage des poules est très délicat à gérer, notamment concernant la lumière : « La lumière stimule les poules et ça provoque deux problèmes : une ponte trop précoce et de l’excitation. Avec des poules trop excitées, il y a risque de cannibalisme. Sur la ponte précoce, l’objectif est d’avoir les œufs les plus gros possibles, donc l’idéal est de les faire attendre 21 semaines pour atteindre un bon pic de ponte. En plus on gagne en régularité quand on les fait attendre. Pour cela, il faut donc gérer la lumière avec un bâtiment peu vitré et faire habituer les poules au lieu, les faire déstresser : alimentation, accès à l’eau. Pour mon prochain bâtiment, je prévois un système de pipettes en hauteur, système que les poules connaissent car élevées comme cela avant que je les achète, alors qu’aujourd’hui je fonctionne en place ronde, et elles mettent parfois 3 jours à comprendre que l’eau est en bas. Bientôt, avec le deuxième bâtiment, je pourrai élever les poussins et faire moi-même mes poules pondeuses ; je gagnerai la moitié du prix d’achat, ce sera un sacré gain. Mais l’élevage des poules concerne aussi leur sortie dehors : je les tiens à l’intérieur quand il pleut par exemple car sinon elles boivent dans les flaques et cela favorise le parasitisme. »
Vente directe et embauche d’une salariée
Pour vendre ses œufs, Boris utilise la vente directe via un système d’abonnement : les gens commandent et ensuite il livre les œufs. « Aujourd’hui j’ai 340 abonnés et je mets environ 4h à livrer 50% de ma production, c’est donc plutôt rentable. Je fonctionne également en dépôt-vente en mettant mes œufs dans des magasins où je les mets moi-même en rayon. Cette activité production et livraison représente 35h de travail par semaine, sans compter l’administratif, et permet un très bon revenu. J’ai donc fait le choix de salarier quelqu’un 20h par semaine et j’ai développé un atelier de 500 poulets de chairs en vente directe. Cette augmentation de production ne se double pas d’une explosion du temps de travail, je profite de mon réseau de vente d’œufs pour vendre mes poulets. J’ai donc aménagé une tuerie dans mon bâtiment, afin de tout préparer à la ferme et pouvoir gagner en rapidité. Et la salariée aménage aussi son temps de travail en fonction des pics de ponte et des moments de livraison donc c’est plutôt pratique. »
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