Être éleveuse : l’importance du lien paysan-animal
Emilie s’installe en 2011 sur la ferme familiale. Sur un peu moins d’une cinquantaine d’hectares, elle élève seule des veaux de lait sous des mères vosgiennes, produit des broutards et des gros bovins, et engraisse des porcs. Le lien entre l’animal et l’éleveur est primordial pour Emilie, qui souhaite accompagner son animal au-delà de la mort jusqu’à sa commercialisation.
Reprendre seule une exploitation familiale
Emilie a toujours vécu sur la ferme familiale. Après des études équestres, Emilie revient à la ferme et s’y installe en 2011 au moment où son père prend sa retraite. Elle se rend compte qu’elle ne peut pas tout faire toute seule et que certaines activités de la ferme sont peu rentables. Elle garde donc seulement les vaches et les cochons, pour en faire de la charcuterie en partenariat avec un boucher.
Avec beaucoup de baux oraux – fréquent en montagne en Alsace et surtout dans les Vosges -, le foncier dont dispose Emilie est précaire. Elle mise donc sur l’optimisation de son cheptel de 20 bovins à moyen terme sans chercher à l’augmenter. Sur les 48 hectares, 6 hectares pour les vaches à veaux sont situés autour de la ferme, 28 ha de pâturage pour les vaches taries et les bœufs sont sur les chaumes, et 14 ha côté vosgien sont destinés à la fauche et au pâturage fin avril et à l’automne pour les vaches taries. Emilie aimerait à terme être autonome pour les rations des animaux.
Un attachement au lien paysan-animal
Ce qu’aime Emilie dans son métier d’éleveuse, c’est le lien à l’animal. « Je fais un peu comme avec les chevaux. Mes animaux doivent être dociles et marcher au licol ». Elle trouve important de passer du temps à entretenir le lien paysan-animal.
Même si parfois elle se demande pourquoi elle les tue, elle pense que ses animaux qui ont fait leur vie et qui ont été bien-traités peuvent être abattus. Si l’on souhaite encourager la production de viande française et des fermes viables, il faut accepter cela. « Le mieux serait de pouvoir les abattre à la ferme ». Cela lui tient à cœur d’accompagner l’animal au-delà de sa mort, jusqu’à la découpe et la vente.
La commercialisation, un métier à part entière
Emilie élève ses animaux, les fait tuer à l’abattoir, puis envoie les morceaux chez le boucher et chez les deux charcutiers avec qui elle travaille, pour ensuite récupérer les produits et les vendre.
Emilie voit la commercialisation comme un métier à part entière. Elle s’est rendu compte que l’aspect de la viande, sa couleur, est important pour les clients. Elle est présente quand le boucher découpe, et il lui apprend aussi à découper. Elle suit ainsi son animal après sa mort et comprend mieux l’influence de la ration alimentaire sur les couleurs et les finitions de la viande.
Si au début, n’étant pas passionnée par le côté social, elle était réticente à faire les marchés, elle y a finalement pris goût et a développé la vente dans les marchés, ainsi qu’à un magasin de produits fermiers qu’elle livre. Elle livre aussi des caissettes grâce au bouche à oreille. La vente directe est motivante, car « il y a des retours positifs, les gens s’intéressent à ce que je fais, ils posent des questions, et je leur apprends des choses concrètes sur l’élevage ».
L’importance d’être entouré et de partager entre éleveurs
Emilie est seule sur la ferme, mais se fait aider, entre autres, par les voisins qui élèvent des vosgiennes laitières. « Être seule sur une ferme n’est pas forcément un modèle à suivre ou à encourager, mais on peut quand même y arriver ! ». Emilie ne baisse pas les bras et a plusieurs idées en tête : faire un labo de transformation, un atelier de découpe… Elle fait aussi partie de la commission allaitante de l’Organisme de Sélection de la race Vosgienne. Grâce à ça, elle visite d’autres fermes, participe à des formations et a découvert d’autres éleveurs de Vosgiennes allaitantes dans le territoire. Ils partagent entre eux leurs visions et leurs expériences techniques.
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