Être paysan bio, c’est faire de l’écologie appliquée
Créer progressivement une ferme maraîchère diversifiée
Yann, jeune maraîcher, a créé une activité agricole qui lui ressemble. Dans d’anciens terrains de grandes cultures et au milieu de vieux vergers, il cultive depuis 2011 des légumes pour l’AMAP qu’il a créé dans le village où il a grandit. Sur son terrain on trouve aussi un petit rucher familial, des tests de cultures de champignons et une grande diversité d’arbres fruitiers. Yann explore des pistes et tente de greffer progressivement des productions complémentaires aux légumes qu’il cultive sous tunnels et en planches permanentes sur petite surface (inférieur à 1ha). Par ces pratiques, Yann recherche une cohérence écologique, productive, autant que le plaisir du travail. Les cultures complémentaires sont aussi source d’échanges marchands et non-marchands avec les amapiens, les villageois et autres amateurs de jardins et de produits frais naturels.
Se reconvertir en agriculture
Yann a une formation de base en gestion des forêts et de la nature. Il s’est notamment formé en Suisse où il a découvert le fonctionnement de petites fermes écologiques diversifiées. Ce fut une expérience fondamentale pour faire le lien entre écologie et agriculture. Devenir paysan bio, c’est pour Yann, faire de l’ « écologie appliquée » : préserver les écosystèmes en renaturant les espaces ruraux et en participant à la relocalisation de la production alimentaire. Cette reconversion a été possible grâce au soutien des villageois – avec la création de l’Amap – et de la famille, car si Yann a pu s’appuyer sur un tissu de relations sociales dense et bienveillant, c’est aussi parce qu’il est revenu s’installer dans le village où il est né !
Savoir-faire arboricole
Le premier emploi de Yann était dans une station d’expérimentation arboricole. Un premier contact professionnel avec le monde agricole aigre-doux. Peut-être une étape nécessaire entre sa formation de forestier et l’avenir maraîcher, mais surtout la confirmation du rejet des produits chimiques, pendant d’une arboriculture productiviste. « J’ai découvert la mirabelle industrielle, pour moi ce n’était pas ça la mirabelle de Lorraine. » Yann a replanté des arbres sur une parcelle d’1 ha d’anciens prés-vergers qui avaient périclités lentement tout au long du XXème siècle mais encore pâturés par des moutons. « D’ici à 2 ans, j’aurais une centaine d’arbres fruitiers hautes-tiges (fruits à pépins, fruits à noyau) productifs et sans effort d’entretien. » Entre la forêt sauvage et l’arbre industriel, il y a la variété domestique, rustique et naturelle. « Les arbres ont été plantés selon des principes que l’on retrouve en permaculture. Les espèces sont mélangées entre elles et ont de l’espace pour se développer pleinement. Les arbres sont conduits vers leur équilibre naturel, mais ils ne sont pas ‘taillés’ de façon systématique. » Pour Yann, il n’y a pas de doute, l’arbre, qu’il soit fruitier ou forestier, a sa place dans un système maraîcher.
Faire du maraîchage, arroser, travailler le sol sur un terrain pentu
Les conditions d’implantation de l’activité maraîchère de Yann ne sont cependant pas totalement idéales. Comme beaucoup, il a dû apprendre à faire avec les contraintes : pas d’électricité, pas d’eau et un terrain pentu. Il a fallu s’adapter à cette configuration. Yann n’est pas peu fier de son système d’arrosage des tunnels qui fonctionne uniquement par gravitation, grâce au bassin de rétention creusé en amont et à l’utilisation de matériel spécifique aux basses pressions normalement réservé aux systèmes de maïsiculture intensive. La pente est aussi valorisée à travers l’implantation d’arbres qui bénéficient ainsi d’un bon ensoleillement. Néanmoins, la pente engendre une somme de petits handicaps. Les planches permanentes surélevées et perpendiculaires à la pente permettent de remettre à l’horizontal la surface de culture et donc de limiter l’érosion. Ce n’a pas été possible pour les tunnels qui sont dans le sens de la pente. Au-delà de la circulation de l’eau et de l’érosion, les résultats fournis par les outils de travail du sol sont différents selon qu’ils sont utilisés en montée ou en descente. Les différences sont dues à l’application du poids et à l’angle d’attaque de l’outil. Pleins de petites choses à penser et à apprendre à contourner…
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