Faire évoluer sa ferme en embauchant et en adaptant son matériel
Cécile et Jean-Baptiste possèdent deux parcelles sur lesquelles ils font du maraichage. Séparés de plusieurs kilomètres, ils ont du adapter leur travail et leurs cultures à cette contrainte. Ils apprennent aussi le travail avec des salariés.
Arrêt du labour, travail en buttes et adaptation du matériel
Cécile et Jean-Baptiste sont installés en maraîchage sur 24 hectares, après avoir repris en 2008 en tant que hors-cadre familiaux une ferme située à moitié sur des terres limoneuses, à moitié sur des terres argilo-calcaires. « Après avoir fait comme le cédant la première année, pour apprendre à connaître le sol, nous avons évolué dans nos pratiques et nous avons arrêté de labourer : cela provoquait des tassements ponctuels et on avait un développement des chardons. On a choisi de décompacter plus souvent et de passer la rotobêche dans les sols argileux et l’actisol dans les sols limoneux. De plus, on s’est mis à travailler en planches permanentes et en buttes : avec notre sol hydromorphe, ça draine mieux et nous avons participé à des stages d’autoconstruction de matériel pour adapter le matériel en conséquence et réduire les coûts, comme avec une butteuse à planches. L’important est de s’approprier son matériel. »
Apprendre à choisir entre agronomie et organisation du travail
L’exploitation de Cécile et Jean-Baptiste est divisée en deux sites, éloignés de 4 km. « Donc par exemple, il vaudrait mieux cultiver des salades dans le terrain argilo-calcaire. Seulement, ce terrain est trop loin de la ferme, et comme les salades demandent du soin, de la récolte régulière, on a fait le choix contraire de ce que l’agronomie aurait suggéré. L’organisation du travail prend le pas parfois, ces deux versants de la ferme sont souvent en tension. Mais nous avons appris à faire le deuil de certaines choses, car à la fin, il faut qu’on s’y retrouve aussi financièrement et humainement. »
Paysans et employeurs
Comme beaucoup de maraîchers, Cécile et Jean-Baptiste emploient des saisonniers et également un salarié à plein temps. « Déjà on a le métier à apprendre, on doit gérer plein de choses et en plus, il faut gérer un ou des salariés, parfois pas formés. C’est une vraie compétence de savoir embaucher et d’utiliser au mieux ce que savent faire les salariés. Mais ça nous force à mieux nous organiser pour expliquer au salarié ce qu’il doit faire, à mieux gérer la trésorerie car on doit le payer chaque mois. Et clairement, c’est bénéfique pour l’exploitation tant en terme de qualité que de résultat. Un salarié n’est pas un coût car son travail rapporte ! En plus, cette année, nous l’avons incité à se former durant 4 jours, c’est un plus pour la ferme, car le salarié a gagné en autonomie. Nous veillons aussi à ne pas tomber dans une sur-spécialisation du travailleur : il y a une variation des activités dans la journée, il ne faut que ça devienne l’usine avec des tâches répétitives. »
La nécessité du collectif et de la coopération pour l’avenir
Aujourd’hui, Cécile et Jean-Baptiste participent à divers groupes : restauration collective, AMAP, échange de moyens et matériels. Néanmoins, ils pensent que les maraîchers devraient beaucoup plus coopérer, à la fois sur leur commercialisation mais aussi sur la manière de vivre le métier et conduire l’exploitation. « Le projet de cantine municipale de la ville-préfecture a été un bon moteur pour forcer les paysans fournisseurs à s’unir, à s’organiser pour assurer le service en produits. C’est une vraie volonté politique sur un secteur de production où il n’y a pas de filière organisée, où peu de moyens sont dégagés et où l’intérêt corporatiste et la concurrence avec le voisin sont trop importants. » Et Cécile ajoute, en tant qu’adhérente à la Confédération Paysanne, « c’est aussi le sens de mon engagement syndical : se réunir entre paysans pour dépasser l’intérêt personnel et travailler à un vrai projet de société, plus collectif et changer le monde à partir de nos fermes. »
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