La terre ne doit pas être un laboratoire ouvert
Le défi de la transmission
Jean-Paul s’est installé en 1999 en production de lait à Comté sur une petite ferme de 39 hectares et 85000 litres de quotas. Son challenge a alors été de dire, « je veux montrer que l’on peut s’en tirer sur une petite ferme ». Pour parvenir à cela, il a progressivement augmenté le volume de lait jusqu’à 120.000 litres par an, ce qui demeure une production modeste correspondant bien à une petite exploitation (cela a été possible par l’attribution et l’achat de quota).
En 2008, Dominique, son épouse qui terminait sa carrière d’institutrice, a rejoint la ferme ce qui a constitué un nouveau défi économique.
En prévision de son départ à la retraite, Jean-Paul a essayé plusieurs fois de reprendre quelques hectares dans l’optique d’encourager une installation à sa suite. En effet, l’exploitation, de part sa petite taille, ne favorisait pas une reprise ; l’objectif était alors de parvenir à une ferme d’au moins 45 hectares pour garantir sa viabilité et donc installer quelqu’un. Malheureusement, cela n’a pas pu se faire malgré les nombreuses démarches de Jean-Paul. C’est à regret qu’au moment de la retraite en 2013, les terres de la ferme se sont réparties entre deux JA d’une même exploitation et un GAEC existant, plutôt que d’installer un nouveau paysan. Pour autant, il peut témoigner de sa démarche et des difficultés qu’il a pu rencontrer en essayant de transmettre sa ferme.
Paysan et Faucheur Volontaire : un combat sans relâche contre les OGM et les mutagènes
Jean-Paul a un parcours quelque peu atypique qui l’a conduit à devenir paysan sur le tard. Il a été pendant longtemps employé pour faire de la recherche de référence dans une grande coopérative agricole spécialisée dans la commercialisation de céréales et de semences.
Parallèlement, Jean-Paul s’est toujours intéressé aux différentes recherches des scientifiques sur la génétique (découverte d’une partie de la carte génétique de l’Homme, universalité du codage de l’ADN…). Il saura d’ailleurs parler des techniques de transgénèse et de mutagénèse de manière très précise.
Sont arrivés au début des années 1990 les premiers semis d’OGM. C’est à partir de là qu’il s’est heurté à la direction de la coopérative agricole par rapport à ses positions sur les OGM. C’est alors qu’il a fait le choix de devenir paysan pour « être en adéquation avec ses idées ».
Les premiers fauchages d’OGM et différentes actions syndicales (comme le démontage du MacDo de Millau) menés par des militants de la Confédération paysanne ont conduit Jean-Paul à prendre contact avec ces militants. Très vite, il s’est engagé en tant que Faucheur volontaire ; collectif qui s’est officiellement constitué en 2003.
Si Jean-Paul place autant d’énergie dans ce combat, c’est qu’il connaît la question sur le bout des doigts. Son expérience passée dans une coopérative céréalière et ses recherches personnelles lui ont apporté les éléments nécessaires pour franchir le cap de l’engagement. Les conséquences liées à l’emploi massif de pesticides, au développement de résistances à ces substances, à la dissémination inévitable des OGM et des mutagènes ou encore la brevetabilité du vivant donc des semences, qui interdit à tout agriculteur de ressemer sa propre semence (droit inaliénable qui maintient une certaine biodiversité), sont tout autant d’éléments qui le pousse à lutter et à prendre des risques personnels.
« Quand la loi n’est pas bonne, il faut la changer. Cette démarche de désobéissance non-violente peut aboutir à faire bouger les choses. L’histoire le montre » dit-il pour expliquer son engagement. Jean-Paul est allé voir de nombreux élus pour les alerter sur les OGM. Il a essayé toutes les démarches légales, mais il constate que la participation au collectif des Faucheurs Volontaires est une nécessité.
Jean-Paul est également à l’initiative du « collectif pour une Franche-Comté sans OGM » fondé au début des années 2000 ; mouvement qui regroupe diverses associations et personnes autour de la question des OGM. Le collectif conduit différentes actions (marché, conférence, semis de variétés « population », information des citoyens…) afin d’alerter et de communiquer. Il s’agit aussi de faire en sorte que l’attention ne retombe pas, tant au niveau d’enjeux globaux liés aux OGM et aux mutagènes, qu’au niveau d’enjeux plus locaux (Comté, où toute culture OGM est interdite, mais où il faut rester très vigilant sur les mélanges accidentels et saucisse de Morteau, dont l’IGP autorise les OGM sans le dire…).
Jean-Paul pourra témoigner de son combat contre l’utilisation en plein champ de la transgénèse et maintenant de la mutagénèse avec une grande clarté et une franche objectivité.
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