Le changement se construit petit à petit
Philippe aime son métier et la liberté qu'il lui offre depuis 30 ans. Éleveur de Montbéliardes en bio, il réfléchit à adapter sa ferme à un futur repreneur.
Une ferme de polyculture-élevage
Après un passage par la faculté de droit, pour « voir autre chose », Philippe s’est associé à son père en 1983. Il a fait le choix de s’installer pour travailler à un projet personnel et ne pas avoir de patron. Depuis le départ à la retraite de son père en 1992, il n’a pas trouvé satisfaisantes les possibilités d’association qui s’offraient à lui : incompatibilité des personnes ou des projets….. La ferme de polyculture-élevage bovins lait de 62 hectares s’est agrandie petit à petit jusqu’à atteindre 120 hectares. Philippe a converti sa ferme en bio en 2009. Le système a toujours été basé sur l’herbe avec un troupeau de Montbéliardes. Aujourd’hui Philippe approche de la retraite, il aimerait transmettre l’exploitation à son fils, mais celui-ci n’est pas encore décidé : « j’étais indécis comme lui à 16 ans ». Il envisage donc de muter progressivement son exploitation pour pouvoir laisser un outil qui s’adapterait aux envies d’un potentiel repreneur hors cadre familial.
Prendre plaisir à son travail après 30 ans de carrière
Philippe prend encore énormément de plaisir dans son travail, aussi bien en production animale que végétale. D’après lui, le secret réside dans sa capacité à s’émerveiller au quotidien : « on essaye telle ou telle technique et on voit ce que cela donne sur la plante ou l’animal. » Philippe aime la liberté que lui laisse son métier et qui lui a permis de mettre en place les conditions de vie qu’il souhaitait. Il a ainsi créé un outil de travail qui lui permet de vivre avec ses proches dans un environnement qu’il aime et qu’il contribue à façonner. Mais il remet quand même cette liberté en perspective : « on reste dépendants des aides PAC ».
Conversion à l’agriculture biologique
Philippe est passé en bio surtout parce qu’il en avait « marre des produits chimiques que l’on retrouve ensuite dans l’eau, l’air et chez les humains ». Cette prise de conscience s’est faite progressivement, notamment par le biais de rencontres qu’il a fait au sein d’un collectif de lutte contre l’implantation d’une décharge. Son système étant déjà plutôt extensif, la conversion s’est réalisée en douceur. De plus Philippe utilisait déjà certaines techniques agricoles alternatives utilisées en bio comme le soin par la phytothérapie ou le faux semis. La principale difficulté reste l’autonomie en protéines : « j’aimerais pouvoir arrêter l’ensilage, mais cela me causerait un manque de protéines trop important. » Néanmoins il ne regrette pas d’être passé au bio et juge important le temps de réflexion qu’il a pris.
Gérer la relation employeur-salarié
Philippe a longtemps travaillé avec un salarié suite au départ à la retraire de son père. Aujourd’hui il fait appel à de l’emploi salarié (environ un mi-temps sur l’année) pour des travaux précis. Les relations de travail sont compliquées en agriculture, c’est aussi vrai avec les salariés. Malgré tout, il a toujours préféré « investir dans l’humain plutôt que dans des machines ». Aujourd’hui, pour les personnes qui l’aident dans ses travaux, « il y a un contrat de travail, mais je les considère comme des amis et pas des salariés. » Il a donc fait le choix de diminuer sa quantité de travail pour ne plus avoir à s’investir dans une relation employeur-salarié. Philippe essaye également d’embaucher un apprenti chaque année, même s’il reconnaît qu’il est difficile de trouver des jeunes motivés. « La première année on passe beaucoup de temps à aider l’apprenti à prendre confiance en lui et à prendre des initiatives ».
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