Le développement de la traction animale est le moyen le plus sûr de maintenir une agriculture paysanne

Vente de chevaux de trait prêts au travail

Jean-Louis s’est installé sur la ferme familiale en 1981. A l’époque, c’était une ferme laitière en AOP Comté, avec déjà (et depuis 1926) présence de chevaux Comtois pour faire les travaux.
Pour produire le lait, Jean-Louis n’achetait aucune protéine extérieure, mais cette pratique n’était pas valorisée par l’appellation Comté. Il aurait souhaité passer en agriculture biologique mais ça n’était pas possible en restant à la coopérative. C’est les deux raisons pour lesquelles il a eu l’impression de ne plus avancer au niveau de l’atelier vaches laitières et a souhaité arrêter de traire en 2006 pour se consacrer d’une part à l’élevage de 5 vaches allaitantes Aubrac en agriculture biologique dont la viande est vendue en caissettes mais surtout à l’élevage de chevaux de trait.
Il a surélevé le plafond du bâtiment pour l’adapter à l’élevage des 60 chevaux. Chaque mois, un cheval de 3 ans est vendu prêt au travail, à environ 6000 euros. Les clients sont des agriculteurs ou des professionnels des villes (espaces verts).
Sur la ferme, la majorité des travaux sont réalisés avec les chevaux, à savoir le labour, la préparation du sol et les semis de céréales, les 2/3 de la fauche, le fanage, l’andainage, les travaux dans les prairies au printemps (rabot et émousseuse). Les transports pour réparer les clôtures ou aller voir les animaux se font aussi à cheval. Dans les parcelles de bois de la ferme, les comtois sont aussi utilisés pour débarder. Par contre, ramassage du foin et transport des balles rondes se font au tracteur. Pour épandre fumier et purin, Jean-Louis utilise le matériel de la CUMA.
Sur la ferme, des chevaux sont aussi préparés au dressage pour d’autres activités comme pour des spectacles. En effet, une convention lie l’exploitation à une troupe de spectacle équestre appelée Jehol, qui fait des représentations dans toute l’Europe.

Des formations à la traction animale

L’exploitation est conventionnée avec le CERRTA (Centre Européen de Ressources et de Recherches en Traction Animale) qui compte parmi ses missions celle de la formation et emploie 2 équivalents temps plein. Des stages sont donc fréquemment proposés, sur l’éthologie équine, la traction animale, le parage et la maréchalerie, l’attelage, le labour ou encore le débardage. Le CERRTA intervient dans les formations proposées par plusieurs établissements d’enseignement agricole comme le CFPPA de Montmorot ou le lycée de Levier, sur des modules consacrés à la traction animale.

Conception et test de matériel adapté à la traction animale

Le CERRTA a aussi pour mission les études de faisabilité sur l’utilisation du cheval en ville avec tests en conditions réelles et la recherche et expérimentations sur le matériel. « Le problème numéro un de la traction animale, c’est qu’il n’y a aucun financement publique sur de la recherche fondamentale. Les utilisateurs doivent tester du matériel non finalisé », regrette Jean-Louis. Il travaille donc sur différents prototypes pour essayer de les améliorer, notamment différents types de charrues, un avant-train support d’outils avec prise de force entraînée par les roues, un avant-train à moteur auxiliaire pour faire les foins… A l’étude également un dynamomètre pour savoir le nombre de chevaux nécessaire pour faire fonctionner un outil.
Jean-Louis travaille avec un fabriquant de matériel. Ensemble, ils dessinent le matériel et définissent le cahier des charges. Le fabricant réalise le prototype qu’il teste sur la ferme, avant de le finaliser et de le commercialiser. En particulier, une bonne ergonomie des outils de travail est recherchée.

Un engagement au niveau national et européen pour le développement de la traction animale

Jean-Louis participe pleinement au combat pour le développement de la traction animale, la reconnaissance de l’énergie animale comme énergie renouvelable et la promotion de la race comtoise. Responsable de la commission équine de la Confédération paysanne nationale, il est aussi Vice Président de l’association Nationale des éleveurs de cheval comtois, Vice Président de l’Association de Promotion du Trait Comtois, Président fondateur du Syndicat National des Cochers et utilisateurs de cheval de trait et Vice Président de l’association France Trait (union des associations des 9 races françaises de chevaux de trait).