Le voisin maraicher
Installé hors cadre familial depuis 2017, Landry est maraicher bio sur sol vivant au cœur de l’agglomération mulhousienne. Il soulève les avantages et les inconvénients de son installation sur une petite surface, avec 2500m² de superficie agricole utilisée. Depuis 2022, il fait partie du projet « Graine à la Graine ». Porté par l’ARDEAR Grand Est et Maraichage sur Sol Vivant Grand Est, ce collectif se forme à l’auto-production de semences paysannes maraichères.
Carte d’identité de la ferme :
Lieu : Illzach, Alsace
Surface : 48 ares + 240m² tunnels. Superficie agricole utilisée : 2500m².
Nombre de personnes : 1UTH
Production : Maraîchage
Label : Certifiée AB
Commercialisation :
- Vente à la maison (2 commandes de paniers par semaine par mails)
- Restaurateurs
Installation
Landry est arrivé en Alsace en 2005, il travaillait dans un centre d’initiation nature et était éducateur à l’environnement. Après une rupture conventionnelle pour accéder au chômage, il débute une formation pour obtenir un Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole en maraichage. Il a débuté cette formation sans savoir s’il souhaitait s’installer ou travailler en tant que salarié. Il n’avait pas prévu de s’installer si rapidement, mais, en 2017, un propriétaire entend parler de son projet et lui propose son terrain ; Landry saisit l’opportunité.
« L’aspect culture, plantation, semis, tout l’aspect réflexion, faire les plans de culture, ce que je veux faire en légumes, mes choix de variétés … c’est ce qui m’intéresse, et c’est plus facile d’être raccord quand c’est toi le patron et qu’on ne te dit pas « plante ça aujourd’hui » »
Selon lui, l’un des principaux freins qu’il a connu a été de ne pas assez réfléchir au démarrage de son exploitation. Il a dû s’adapter à un terrain différent de celui du maraicher où il était en stage, tout en étant double actif. Il n’a pas pu consacrer tout son temps au jardin, ce qui lui a valu des chiffres d’affaires faibles les premières années. De plus, Landry a décidé de s’installer sans demander la Dotation Jeune Agriculteur et d’auto-financer son projet. Toutefois, l’auto-financement lui permet d’être indépendant et d’arrêter son projet si celui-ci n’est plus rentable
Auto-production de semences maraichères
Landry a débuté la production de graines dans son jardin familial, avant de s’installer. Depuis la formation « Graine à la Graine », il travaille plus rigoureusement ses itinéraires techniques. La raison principale de sa demande est de réduire les coûts de productions des semences onéreuses (haricots, ails, …).
Landry produit des graines pour des raisons économiques, pour pouvoir suivre le cycle de la plante, et pour faire soi-même ses semences.
« En une année, la plante te fait une graine, tu la ressèmes, puis d’année en année, elle va s’adapter au terroir local, au sol, au climat. J’essayer d’améliorer les légumes que j’utilise à travers la génétique de la plante. Notamment, par rapport au dérèglement climatique, c’est surement une bonne stratégie de faire sa semence, de la reproduire soi-même pour que les plantes puissent s’adapter à ça »
Produire ses propres semences est également un choix politique et une manière de militer. Il souhaite produire de la semence « paysanne », des variétés « anciennes », qui lui permettent de sortir de la dynamique de privatisation du vivant.
« Les graines ont été stockée à un moment, mais le meilleur moyen de conserver une semence, c’est quand même de la récolter, de la ressemer l’année prochaine, de préserver les variétés. C’est aussi une biodiversité, sur les espèces domestiques »
Pour récolter, Landry attend que la plante se dessèche complètement, que la graine murisse. Il récupère ensuite les plantes entières ou les rondes florales et les mets à sécher chez lui. Lorsqu’il juge que la semence est bien sèche, il l’extrait des fleurs ou des végétaux qui les portent. Il connait différentes techniques : les piétiner pour casser les coques dans lesquelles sont les graines, puis faire le tri en tamisant, avec le vent ou en soufflant dessus. Il explique qu’il est possible de faire cela dans l’eau, notamment pour le poireau : les débris et les graines qui ne valent rien remontent à la surface et les bonnes tombent dans le fond.
Selon Landry, il s’agit d’un savoir-faire accessible. Ce qui est compliqué, ce sont les hybridations entre variétés, typiquement les courges ou les courgettes qu’il faut isoler dans l’espace ou dans le temps pour avoir la variété souhaitée. Certains légumes sont plus faciles que d’autres, notamment les légumes dont les fleurs sont auto-fécondes, comme les tomates.
Landry recommande de pratiquer pour apprendre. Kokopelli diffuse également un catalogue annuel avec toutes les variétés et les conseils de culture pour la semence. Il évoque également les vidéos du site semences buissonnières. Enfin, les formations avec le groupe « Graine à la Graine » lui permettent d’acquérir davantage de théorie et de technicité sur les cultures de production de semences.
Par la suite, Landry envisage de devenir artisan semencier pour diversifier ses travaux et être plus rentable sur sa petite surface.
Maraichage sol vivant sur petite surface
Landry a souhaité s’installer sur une petite surface pour conserver la pratique du « jardinage ». Il ne souhaitait pas non plus être mécanisé et travaille son sol à la grelinette pour l’aérer avant certains semis.
« C’est intéressant parce que tu dois vachement réfléchir à ce que tu fais, maximiser toutes tes planches de culture pour qu’elles soient en permanence cultivées. T’as déjà pas beaucoup de surface, si en plus tu laisses des endroits pas cultivés, tu ne récupères pas d’argent dessus, puis tu réfléchis sur comment associer tes cultures. »
Il n’utilise ni engrais, ni traitements. Il cherche à apporter de la matière organique pour stimuler la vie contenue dans le sol (vers de terre, insectes, bactéries, champignons) et fertilise à partir de compost, de fumier ou de broyat via leur décomposition par les organismes vivants du sol.
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