Maraichage bio en vente directe : cultiver l’autonomie et l’originalité

José : Depuis longtemps, j’essayais de trouver une adéquation entre être à mon compte, travailler avec la nature, être à l’extérieur, je me suis alors lancé dans le maraîchage bio, après avoir fait une formation et des stages correspondants. Et je me suis installé hors cadre familial en avril 2011 sur une surface au départ de 1 ha avec 3 tunnels de 30 m * 8 m. Il a fallu tout créer car ce n’était pas une ferme en maraîchage mais en polyculture élevage.

Alexandra : j’étais jusque-là conjointe collaboratrice et je me suis installée en janvier 2017 où nous avons créé l’EARL. J’ai un diplôme d’ingénieur agronome et je suis sensibilisée à l’agriculture biologique, une agriculture durable qui permet de nourrir sereinement nos enfants. Nous avons 3 enfants et nous les associons à notre démarche. Nous sommes les premiers consommateurs de nos légumes ! Il était tellement évident dès le départ, de cultiver en bio, par conviction, que nous n’avons pas réfléchi longtemps. 

La création d’une ferme

La ferme est récente, vu qu’elle a été créée en avril 2011. Tout est à inventer et à créer. Actuellement, 8 serres (de 30 m par 8 m) non chauffées sont implantées sur le terrain, elles permettent de cultiver des espèces plus délicates, telles que les tomates, poivrons, aubergines, de la mâche, de la salade d’hiver, et bien d’autres expériences (nous avons essayé la culture des chayottes et des patates douces). Tous les plants de l’exploitation sont produits par nos soins, sous une serre. Pour les semis les plus exigeants en température de germination, les graines semées en barquettes ou en mottes sont placées sous une couche avec nappe chauffante ; les plants commencés sous couche sont repiqués et placés sous serre afin de les endurcir.
Tous les autres plants et semis sont installés en plein champ à l’aide d’outils manuels adaptés. Les plants sont arrosés juste pour le démarrage grâce à une réserve d’eau, alimentée par l’eau de pluie des toitures et par l’eau du réseau. Le désherbage est réalisé manuellement. Toutes les récoltes se font manuellement et suivant la météo.
Nous essayons de cultiver des variétés anciennes et nous produisons plus de 80 espèces différentes et plus de 150 variétés différentes sur une année entière.

Une technique de stockage ‘’faite-maison’’

Un bâtiment attenant au terrain permet de stocker le matériel, les légumes et de faire office de point de vente. Le grand froid a montré qu’il était important d’avoir des locaux isolés afin de conserver au mieux les légumes. C’est pourquoi un local en ossature bois et isolé en paille a été construit en 2012 et un autre plus grand a été construit fin 2016. Le premier est frais et humide et permet de stocker les légumes racines alors que le deuxième permet de stocker les courges avec une hygrométrie plus faible et une température plus chaude (env 15°C).
La ferme est aussi composée de nombreux animaux. Une brebis et son agnelle tondent l’herbe, 30 poules pondeuses répondent à une forte demande des consommateurs et pourraient à l’avenir aider à nettoyer les serres, des chats limitent la prolifération des rats taupiers et des souris, une faune du jardin très variée (insectes, vers de terre, coccinelles, limaces, escargots, milan royal, …) et des poissons et grenouilles dans notre bassin de rétention d’eau, viennent compléter cette biodiversité.

Soyons cohérent et consommons des produits de saison

Notre objectif est de produire des légumes sains, naturellement sans produits chimiques en respectant l’environnement, le sol, les ressources en eau, en énergie, la biodiversité. Nous vendons nos produits localement (au maximum 45 km), afin de réduire le bilan carbone des transports ; la livraison dans des points relais y contribue. Nous vendons 2 jours dans la semaine à la ferme, nous avons une AMAP sur place que nous fournissons toute l’année, nous livrons dans un magasin de producteurs, dans un magasin bio, nous avons un site internet avec commande et paiement en ligne et livraison dans différents points relais, nous fournissons un drive fermier.

Chez nous, vous ne trouverez pas de tomates en hiver ! Soyons cohérent et consommons des produits de saison ! Qu’est-ce qu’on est content de retrouver le vrai et bon goût des tomates en été, lorsqu’elles arrivent à maturité. Chacun à notre niveau, nous pouvons contribuer à préserver notre planète qui est si mal menée ! Pensons à nos enfants et à leur avenir !

On nous demande souvent …

Une question fréquemment posée : « Et ce n’est pas trop compliqué de travailler en couple ? ». La réponse est non car le jardin est tellement grand que nous nous gênons peu ! c’est contradictoire de dire cela car finalement nous n’avons que 2ha et nous faisons vivre 2 personnes, et partout ailleurs c’est la course à l’hectare ! De plus, nous avons des activités bien distinctes et différentes et nous ne sommes pas souvent ensemble. Par contre, nous prenons le temps de beaucoup échanger à des moments clés dans la journée et « de faire le tour du jardin » ensemble, ce qui permet de bien observer ensemble les évolutions, les progrès, les travaux à réaliser. José s’occupe plus de la production de légumes, de l’entretien, des récoltes, de la livraison, …, et moi je m’occupe plus de la production d’aromatiques et de fruits, de l’administratif, de la gestion du site internet, de la préparation des commandes, des enfants…. Mais il est possible que nous interchangions certains travaux ou que nous en fassions certains en commun.

Une autre question posée : « Vous regrettez votre choix ? ». La réponse est non également. Même s’il ne faut pas compter le nombre d’heures réalisées par semaine, qu’il y a énormément de travail plus ou moins physique, notre métier est très diversifié : il faut à la fois produire, être gestionnaire, commerçant, avoir du relationnel avec nos clients, faire de l’administratif, être à la pointe du progrès avec notre site internet, savoir cuisiner pour faire aimer nos produits et conseiller nos clients, se former en continu (ce que nous réalisons chacun chaque année notamment avec le réseau bio). Les liens tissés avec notre réseau (bio, clients, producteurs, …) sont très enrichissants. Être à son compte permet beaucoup de liberté quant à nos choix de production, et permet de tenir compte de nos convictions, de nos valeurs, pour les partager avec nos enfants mais aussi tous ceux qui nous entourent.