Quand bien-être et goût du travail sont au coeur des choix de production
En construisant son projet d'installation, Stéphanie voulait être sa propre patronne et cherchait une production qui réponde à la fois à sa passion pour les bêtes et à son goût pour l'artisanat et le fait-main.
Des rencontres inspirantes qui lui ont donné confiance dans son projet
Avec un BTS en zootechnie, elle a d’abord été professeure au lycée Edgar Pisani en Haute-Marne avec un goût prononcé pour l’animation, qu’elle conserve toujours dans son métier de paysanne. C’est en rencontrant Mélanie, éleveuse de chèvre angora dans le département voisin, qu’elle a réalisé que son projet est possible et qu’elle a choisi de concrétiser son rêve. « Si tu as ça dans les tripes, ne fais pas attention aux craintes et aux découragements de ton entourage. »
Elle s’installe alors fin 2019 en élevage de chèvre angora et transformation de laine Mohair avec un troupeau de 20 têtes au départ. Un troupeau qui venait du côté de St Étienne qu’elle a pu acheter auprès de l’association de la chèvre angora. En se reconvertissant, Stéphanie voulait avoir un mode de vie plus compatible avec la vie de famille et l’épanouissement de sa fille. Même si son installation en temps de covid ne fut pas de tout repos.
« Mon installation a été une décision de couple parce que j’embarquais tout le monde avec moi et que mon mari est éleveur de bovin allaitant. Une installation atypique donc. »
Un démarrage qui demande une grande adaptation
Pour commencer, elle a suivi une formation au tri et au nettoyage du Mohair à Castres. La première saison de tri de la laine lui a montré qu’il fallait beaucoup de patience pour en venir à bout. Aujourd’hui elle travaille avec la SICA Mohair, une coopérative qui fait le nettoyage, la filature, la mise en pelote et la teinture de la laine. Le problème c’est qu’elle récupère seulement 70% de la quantité envoyée à la coopérative où toutes les laines sont mutualisées. Elle aimerait pouvoir trouver une filature plus proche, ce qui lui permettrait de récupérer sa propre laine qu’elle pourrait valoriser ensuite.
« Si moi toute seule je commence à transformer mes 66kg de laine, je ne suis pas prête de les vendre. »
L’installation ne fut cependant pas dénuée de surprises. Le premier bouc Némo ne saillissait pas. Il a fallu du temps et l’arrivée d’un deuxième bouc plus âgé et expérimenté qui montrait au plus jeune comment faire pour qu’elle puisse avoir des chevreaux et augmenter son troupeau. Puis, avec la sécheresse et le temps de trouver le bon équilibre alimentaire, elle a eu des difficultés à avoir une bonne pousse de laine estivale.
« La spécificité de cette race est que toute l’énergie qu’elle va ingérer grâce à l’alimentation, lui permet de produire de la laine. A tel point que parfois la chèvre s’ oublie elle-même. C’est pour cela qu’il n’est pas envisageable de faire du lait ou de la viande avec cette race-là. Son espérance de vie est de 12 ans en moyenne. »
Des choix d’activité pour conserver une vie sociale
Pour Stéphanie, il est très important de bien s’entourer et de ne pas rester seule. En 2021, elle aménage une salle d’accueil et un magasin pour accueillir des scolaires et les clients sur la ferme. Elle prévoit également de monter une mercerie ambulante pour pouvoir vendre aux habitants des environs car pour le moment, elle est obligée d’aller loin pour vendre sur les marchés de Joinville ou St Dizier.
En parallèle, elle cherche à élargir les activités pédagogiques sur sa ferme et proposer des parcours pédagogiques pour découvrir la biodiversité du territoire, pour apprendre aux enfants la biologie de la chèvre etc. Pour elle, cultiver c’est aussi créer. Ce qu’elle aime c’est raconter des histoires.
De nombreuses perspectives d’évolution
Après l’élevage, l’activité pédagogique et ses quelques poneys qui lui permettent de faire découvrir l’équitation et les environs, Stéphanie n’est pas à cours d’idées. Elle a à cœur de valoriser au maximum la laine et en même temps d’embellir les environs. C’est avec de la laine tâchée ou jarrée (fibre cassante) qu’elle souhaite produire des plaques de feutre pour vêtir les arbres ! Enfin, elle valorise aussi les résidus de coupe pour faire du rembourrage.
En revenant dans ce village qu’elle connait bien, elle souhaite, par son activité d’élevage, entretenir les communes en faisant brouter les broussailles. Gros avantage : le sapin par exemple est un excellent aliment pour les chèvres car il est rempli de vitamines et d’oligo-éléments.
Pour finir, son souhait est de diversifier ses produits en proposant des kits de tricot, en faisant des ateliers découvertes, en mettant en place des ateliers de teinture végétale grâce au broue de noix ou à l’écorce de bouleau.
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