Trouver le bon équilibre pour produire et nourrir
Pierre-Emmanuel et ses 2 associés ont des vaches laitières et des volailles. Ils produisent aussi des céréales. Pour nourrir ses vaches il a créé un méteil adapté à ses besoins.
Produire du lait à Comté en plaine en refusant l’inflation des parts sociales du GAEC
Pierre-Emmanuel est installé depuis 2003. Sa ferme accueille 80 vaches laitières, 6000 volailles et valorise 180 hectares dont 55 de céréales. Le lait est valorisé en AOP Comté et les volailles en AOC Volailles de Bresse, ce qui indique la nature des terres du GAEC : « Ce ne sont pas des bonnes terres à lait, on ne fait pas une bonne qualité de foin ; cela est du à l’humidité et aux terres limoneuses de Bresse. Nous essayons de valoriser au maximum le pâturage en herbe mais il nous faut travailler à l’implantation de trèfles, de chicorée pour les rendre de meilleure qualité. » Avec ces contraintes, Pierre-Emmanuel, dont les associés sont arrivés en 2008 dans le GAEC, doit produire suffisamment pour rentabiliser des annuités encore très élevées (entre 2/3 et la moitié de l’EBE). « Nous avons fait le choix de ne pas augmenter le capital social de la ferme lors du départ à la retraite de mon père, ce qui a permis une installation à faible coût mais qui entraîne une trésorerie fragile. Néanmoins, dans quelques années, si nous produisons notre quota de lait, nous serons beaucoup plus à l’aise avec la diminution des annuités et nous pourrons embaucher un salarié ou trouver un 4e associé. »
Construire un mélange de céréales stable en production
Pour cela, Pierre-Emmanuel doit complémenter l’alimentation de ses vaches, l’herbe et le foin ne suffisant pas. Au départ de son installation, il était parti sur un mélange triticale-pois pour assurer un apport autonome en protéines. « Ce mélange est facile à produire, mais il est beaucoup trop instable selon les années et la proportion de protéines est de toute façon trop faible pour se passer du tourteau de soja. Au fil des années, nous avons élaboré un autre mélange en gardant le triticale, en ajoutant les pois protéagineux aux pois fourragers, en ajoutant l’épeautre (car l’orge d’hiver lève trop tôt) qui favorise la digestion. Et j’ai introduit deux variétés de vesces, en quantité maîtrisée car c’est une plante qui s’accroche aux autres et fait verser ses voisines. Ce mélange me permet d’assurer un taux protéique à 19/20, et d’avoir toujours une bonne production céréalière même si une céréale flanche avec les aléas climatiques, ces 5 variétés ne mûrissant pas en même temps. Et même, les pois protéagineux sont d’abord intéressants en tant qu’engrais verts. » Et Pierre-Emmanuel ajoute que cela permet aussi d’avoir de la paille, ce que la féverole ne permet pas.
Créer un atelier de volailles pour devenir autonome en protéines
La recherche de l’autonomie protéique du troupeau a conduit Pierre-Emmanuel a être plus indépendant vis-à-vis de sa coopérative céréalière, celle-ci n’acceptant pas les mélanges. Il produit donc lui-même sa farine, grâce à un aplatisseur et du matériel spécialisé. « Mais à mon installation, avec 35 vaches, ce matériel n’aurait pas été rentable, j’aurais du être dépendant de la coopérative. J’ai donc choisi de créer un atelier de 3000 volailles pour faire plus de farine et ainsi rentabiliser l’achat de l’équipement. Avec les poulets de Bresse, je produis donc ma farine, je fais mes mélanges et je gère mon assolement au plus près de mes besoins et des conditions climatiques. »
Quand Danone incite à la réorientation de l’agriculture d’un territoire…
Sociétaire d’une coopérative de Comté, Pierre-Emmanuel a vu l’évolution de son territoire : « Quand les parents quittaient la filière Comté pour aller en industriel parce que ça payait mieux, aujourd’hui leurs enfants reviennent et arrêtent l’ensilage, sur les conseils de Danone qui collectait trop de lait. C’est très positif, même si cela repose sur un effet d’aubaine grâce au prix du Comté. Mais c’est une évolution intéressante, conjuguée à une meilleure maîtrise de la production fromagère de notre site de fabrication. C’est petit à petit qu’on peut faire évoluer des choses. Militant à la Confédération Paysanne, je reste attaché au rôle de production de la nourriture de base par l’agriculture et cet exemple de changement est intéressant pour engager le plus possible de paysans vers de meilleures pratiques. »
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