Un conservatoire vivant de blés anciens en Alsace
Paysans-boulangers, ils ont fait le choix de ne cultiver que des variétés anciennes de blé, sans labour et sans intrants. C'est une façon de répondre à des problématiques modernes, en prenant soin de l'environnement et en vendant du pain avec des glutens plus digestes.
Du blé au pain, une histoire de passions
Lili et Christophe, installés dans la vallée de Guebwiller, en Alsace, travaillent au sein d’une ferme familiale de 54 hectares de céréales bio et produisent leur propre pain.
Fils de paysans conventionnels, Christophe ne voulait pas mener la vie de ses parents. Les voyages lui ont finalement donné envie de reprendre la ferme familiale mais avec une toute autre vision. Lorsqu’à 40 ans, il a pu prendre les rênes de la ferme et faire ses propres choix, sa passion pour les plantes mêlée à celle de sa compagne Lili pour le pain, les a menés à devenir paysans boulangers.
Conserver et multiplier les variétés anciennes de blé
Christophe a choisi de ne produire que des variétés anciennes de blé, d’avant 1900, qu’il sélectionne, conserve et multiplie lui-même. Un travail méthodique, qui requiert recherches et expérimentations, patience et persévérance. Il cultive des plantes du groupe botanique, des blés et des épeautres (triticum) qui n’ont pas été modifiés par des techniques de laboratoire, et qui avaient disparues au profit d’un blé à fort rendement nécessitant une forte fertilisation.
Aujourd’hui, Christophe thésaurise 41 variétés multipliées au sein d’une banque de semences exceptionnelle. Chaque année, il en sélectionne de nouvelles issues du conservatoire de la ferme pour multiplication (un processus complexe et minutieux qui dure 5 ans). Les variétés multipliées sont ensuite testées par Lili en boulangerie.
Un travail qui a aussi une visée pédagogique, puisque Christophe partage et transmet son savoir, à la fois aux consommateurs, pour les sensibiliser, et aux paysans qui ont la même passion que lui pour la botanique, pour encourager les initiatives pilotes et échanger des semences.
Après plusieurs années de recherches et d’expérimentations continues, Christophe est devenu un spécialiste des espèces domestiques du genre triticum.
Sans labour et sans intrant : refaire confiance à la nature
Convaincu que la nature fonctionne très bien sans les humains, Christophe a choisi de rendre sa ferme la plus autonome possible en pratiquant le non labour, sans intrant, diminuant ainsi fortement sa consommation de carburant et supprimant tout fertilisant.
Les variétés qu’il produit s’adaptent particulièrement bien à un environnement à fertilité réduite, contrairement au blé moderne. Son système en agroboulangerie lui permet de revoir ses rendements à la baisse en consacrant plus de surface aux cultures et en valorisant mieux ses produits à la vente.
Une fierté de proposer des aliments qui ont réellement un très faible impact sur l’environnement.
Un pain ancestral qui a trouvé sa clientèle
En Alsace, il n’existe aucune collecte et aucune industrie de céréales bio. Pour pouvoir faire des céréales bio, Christophe et Lili n’avaient d’autre choix que d’aller jusqu’au consommateur, en transformant leur blé en farine, puis en pain, vendu en direct.
Avec leurs variétés et espèces anciennes de blé, Christophe et Lili choisissent de pousser leur éthique jusqu’au bout : recréer le pain qui nourrissait les populations il y a 200 ans. Le fruit d’un long travail d’expérimentation et de recherche, pour retrouver les méthodes de travail des meuniers d’antan, et réussir à panifier au mieux chacune des variétés de blé selon ses caractéristiques.
Pari gagné : Christophe et Lili attirent une clientèle qui ne jurent plus que par leur pain, attirés par ses glutens plus digestes et ses faibles taux de sel, la typicité de ses goûts, et la magie de l’histoire qui l’entoure.
La ferme s’est agrandie
Aujourd’hui Mélanie et Joris ont rejoint l’aventure en soutien de l’activité de boulange et de grandes cultures.
« Quand on a rejoint Christophe et Lili, c’était soit ils prenaient des salariés soit ils arrêtaient. » nous raconte Mélanie. En effet, la ferme a connu de nombreuses évolutions et il leur a fallu 5 ans pour se faire une place et trouver une clientèle. En effet, « comme gage de qualité, tout le monde misait sur la bio et pas sur les variétés anciennes. » nous dit Mélanie. Grâce à ces nouveaux équilibres, ils produisent 500 kg de pain par semaine et bénéficient d’une excellente renommée.
Vous pouvez retrouver toutes leurs gammes de produits et de délicieux pains sur leur site internet : https://ferme-moyses.alsace/notre-gamme-de-pains/
Galerie photos
Veuillez vous connecter pour voir la galerie
Contactez votre structure d'accompagnement local
ARDEAR Grand Est
26, avenue du 109è RI
52000 Chaumont
09 62 38 73 62 06 46 53 79 02
Veuillez vous connecter pour voir les infos de contact
Télécharger la fiche
Veuillez vous connecter pour télécharger la fiche