Une ferme en agriculture paysanne qui fait vivre deux personnes sur 57 hectares

Choix de la proximité pour les approvisionnements et la commercialisation

Maurice élève des brebis en agriculture biologique pour leur viande depuis 1991. En 2001, il a construit un laboratoire de transformation à côté de la bergerie actuelle qui a ensuite été agrandi en 2011 lorsqu’il est passé en GAEC avec Laurent. Depuis cette date, un élevage d’une quarantaine de porcs (amenés en 4 ou 5 mois de 25 kg à 120 kg de poids vif) a rejoint l’élevage des 180 brebis.
La ferme est un bel exemple d’agriculture paysanne. Elle permet, sur seulement 57 hectares situés à 1100 mètres d’altitude, de rémunérer deux personnes un peu au-delà du SMIC.
Les deux paysans sont vigilants à ce que les approvisionnements et la commercialisation se fassent le plus localement possible. Les animaux sont tués dans la ville la plus proche, ils sont découpés sur place et vendus en circuit court (les brebis directement aux consommateurs et les porcs sont commercialisés pour partie via une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne et pour le reste via la biocoop de la ville voisine). La nourriture des porcs est achetée à proximité également. « Nous sommes attachés à privilégier les relations avec la ville la plus proche. Par contre, ça n’est pour l’instant pas possible pour l’achat des porcelets car personne n’en élève autour de chez nous ».

Un plancher de paillage pour gagner du temps et faciliter la surveillance du troupeau

Au lieu d’avoir un vaste volume perdu au dessus des animaux dans la bergerie, Maurice a construit un plancher, ouvert de chaque côté, sur lequel il stocke de la paille. Du haut de cet espace, il fait tomber la paille de part et d’autre plutôt que d’avoir à la lancer. Cinq à dix minutes suffisent alors pour pailler les 400 m2 de bergerie. En plus de gagner de la place et de simplifier le travail, ce plancher est aussi très utile pour surveiller le troupeau : « depuis là haut, on a une bonne vision panoramique du troupeau qui permet de repérer facilement un agneau isolé, malade ».

Un fumoir performant

Le laboratoire de transformation est équipé d’un espace pour fumer la viande, conçu de façon à être accessible par une porte donnant sur l’extérieur pour amener la sciure et faire le feu. Une autre porte permet l’accès par l’intérieur pour apporter la viande à fumer, en « zone propre », limitant ainsi les risques de salissement du fumoir.

Une organisation au sein du GAEC pour que le rythme de travail convienne à chacun

Maurice et Laurent ont décidé de s’associer en sachant qu’ils n’avaient pas les mêmes contraintes familiales ni les mêmes aspirations en dehors de la ferme. « Pour moi qui était seul sur la ferme pendant des années, m’associer et avoir un week-end de libre sur deux me donnaient l’impression d’avoir beaucoup de temps pour moi alors que pour mon associé, qui était salarié et avait l’habitude d’avoir tous ses week-end, ça représentait une perte de temps libre ».
Les deux associés ont donc beaucoup échangé sur la meilleure organisation du travail pour que chacun y trouve son compte et soit satisfait de son rythme de vie. Ils ont commencé par instaurer une réunion de travail hebdomadaire, tous les lundis matin. « Pendant ce temps d’échange, on fait le bilan de la semaine écoulée et on organise la semaine à venir. On se met au courant des différentes commandes ». Cette réunion est d’autant plus importante que Maurice et Laurent ont choisi d’alterner, une semaine sur deux, le travail sur la ferme en production et une semaine sur deux celui de transformation et commercialisation dans le laboratoire, « pour varier les tâches et ne pas passer du secteur sale dans la ferme, au secteur propre dans le labo ».
Pour que chacun puisse décider librement du moment de la semaine où il a du temps libre, Maurice et Laurent ont pensé à se prélever un peu plus chaque mois. Cette somme supplémentaire devra leur permettre de bénéficier des services d’un boucher pour l’équivalent d’une demi-journée par semaine, sollicité en fonction des choix de chacun.