Vivre sur une petite ferme et faire le pas en bio
Une conversion en agriculture biologique
Noël s’est installé en 1983 dans une ferme ancienne, en hors cadre familial, où les conditions n’étaient pas évidentes, même s’il bénéficiait de coups de main des voisins. C’est en 1994 qu’il est arrivé dans la ferme qu’il exploite actuellement, reprise chez les parents de sa femme, qu’il avait rencontrée entre temps. Il produit 130000 litres de lait à Comté par an, avec 25 vaches et 60 hectares, dont 6 de céréales. Cela lui permet d’être autonome en paille et en foin/regain et de n’acheter que quelques céréales en complément. « Je me suis aussi converti à l’agriculture biologique en 1998, car la coopérative où j’étais fermait. Mes collègues ont choisi de rejoindre une grosse coopérative, j’ai profité de l’opportunité pour rejoindre une petite coopérative qui venait de passer en bio et qui avait besoin de lait. C’est comme ça que j’ai fait le pas. C’est vrai que j’étais déjà sensibilisé à l’agriculture paysanne, j’avais fait un des premiers diagnostics lors de ma réinstallation. Au village il y a eu un bon écho, sauf chez des paysans qui ne comprenaient pas mon choix, peut-être sont-ils un peu jaloux de cette liberté ? »
Le séchage en grange pour améliorer les fourrages et travailler plus confortablement
Toujours en 1998, avec une aide attribuée en agriculture biologique, Noël a fait évoluer son système de récolte en construisant deux séchoirs pour utiliser le séchage en grange et réduire la production de balles-rondes. « Le séchage permet de mieux valoriser la ration de base des vaches, on gagne beaucoup en qualité du foin, car on le pirouette peu donc on l’abîme moins. Cela m’a permis aussi d’implanter quelques luzernes dans mes prairies, avec les balles-rondes c’était plus compliqué à transformer en foin. Et puis, vu que je suis seul sur la ferme, c’est un confort de travail sur la ferme, on court moins. »
Avec l’Afocg, pour comprendre à plusieurs ses pratiques
Depuis 20 ans, Noël fait sa comptabilité avec l’AFOCG (Association pour la Formation à la Comptabilité et à la Gestion), il peut maîtriser ses chiffres et cette association est un véritable espace d’échanges sur la gestion, les pratiques de chacun sur sa ferme, sans tabou ni jugement. « Avec l’AFOCG, j’ai également participé à un groupe d’analyse, avec d’autres paysans, sur les liens entre revenu et temps de travail. Pendant plusieurs mois, nous avons noté nos travaux et le temps qu’on y passait et à la fin nous avons comparé nos chiffres et fait des moyennes. Cela m’a permis de mieux pointer mes pics de travail, de mieux les anticiper et d’essayer de plus lisser dans le temps mes tâches. Avec les autres paysans, ça nous a permis d’aborder les questions du coût de revient, du fait d’être seul sur la ferme, etc. »
Petite ferme et anticipation de la retraite
Aujourd’hui Noël estime qu’il est à environ 10 ans de la retraite. Avec une écurie entravée, il réfléchit à moderniser son bâtiment en le changeant en logettes, afin de mieux transmettre son exploitation. Il renouvelle aussi petit à petit son matériel, jamais de gros investissements. Mais avec 36 places à l’écurie alors qu’il ne trait que 25 vaches en moyenne, une légère augmentation du troupeau pourra être possible pour un repreneur s’il le souhaite. Pour Noël, ce n’est pas nécessaire pour l’instant, se dégageant un revenu suffisant pour vivre et ayant du temps pour faire d’autres choses à côté, du fait de la taille raisonnable de la ferme.
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